Faut-il miser sur les super-aliments du bout du monde ?

Il y a une quarantaine d’années encore, « chia », « goji », « quinoa » et « açaï » étaient des termes inconnus en Occident. Aujourd’hui, ce sont des produits phares des magasins bio. Après un long périple depuis l’autre bout de la Terre, quelle est vraiment leur efficacité ? Et quels sont les impacts de l’exportation massive sur les pays d’origine ?

Un changement des habitudes alimentaires des pays producteurs

Avant les années 2000, tous les Brésiliens pouvaient se permettre de manger de l’açaï à chaque repas. C’était même un aliment de base. Maintenant que ce produit est hautement recherché en Occident, il se fait rare au Brésil, et cette rareté entraîne obligatoirement une hausse des prix. Cette augmentation est telle que l’açaï y rejoint les produits de luxe. Le même phénomène se produit en Bolivie avec le quinoa.

L’exportation massive entraîne aussi des dommages environnementaux. Le transport de ces denrées génère une émission de gaz à effet de serre qui atteint d’importantes proportions et qui va crescendo. C’est ce qui ressort d’une étude menée par le Worldwatch Institue. Selon cette étude, tous les ans, ce sont 817 millions de tonnes de denrées alimentaires qui traversent les océans.

Les bienfaits reconnus des super-aliments venant des contrées lointaines

Ceux qui ont déjà suivi une cure à base de goji ou de chia ne tarissent pas d’éloges. Pour certains, ils sont efficaces pour lutter contre les troubles hormonaux. Pour d’autres, ils n’ont pas leur pareil pour mettre fin aux douleurs articulaires, aux varices, à la sclérose en plaques ou aux troubles sexuels. Ils peuvent même être bénéfiques pour traiter l’autisme. Ils élimineraient les cellules cancéreuses, en un phénomène d’apoptose.

Les distributeurs mettent en avant la forte teneur en oméga-3 du chia. Ces graines contiendraient également une grande quantité de vitamines, de minéraux et de bon gras. Il faut cependant savoir que ces arguments marketing ne sont en aucun cas confirmés par le ministère de l’Agriculture des Etats-Unis. Des études scientifiques démontrent que les vertus de l’açaï ne sont pas liées aux graines en elles-mêmes, mais à un des nutriments qui le composent. Le maca serait un aphrodisiaque et le nopal ne produirait qu’un effet placebo. Les études ont été menées sur des cellules in vitro ou uniquement sur des rats.

Une efficacité remise en cause

Comme ces super-aliments passent plusieurs jours, voire plusieurs semaines en mer, leurs bienfaits ne sont plus forcément les mêmes. Par exemple, à cause des milliers de kilomètres qui séparent la France de l’Amérique du Sud, les propriétés antioxydantes de l’açaï sont réduites. La transformation qu’elle subit ne fait qu’accentuer cette perte de propriété. Au final, votre jus d’açaï possède les mêmes vertus qu’un jus d’orange ou un verre de vin.

Richard Béliveau va même plus loin et précise dans son ouvrage sur les aliments anti-cancer qu’il n’est pas indispensable d’aller chercher des baies de goji ou de la poudre d’açaï. Il vous suffit de consommer des navets, des choux verts ou des brocolis, bref, des aliments que vous n’avez aucune difficulté à trouver sur les marchés locaux. À ceux qui soutiennent que les actifs anti-cancer ne sont pas en quantités égales dans une pomme et dans de la poudre d’açaï, l’auteur répond qu’il est plus simple de consommer trois ou quatre pommes que de chercher à acquérir à plus de 200 € un kilo de baies de goji.